Les statues-menhirs d'Occitanie
Il y a des milliers d'années… des statues-menhirs furent sculptées !
Les premières manifestations « artistiques » et représentations humaines en Europe sont attribuées à l’homo sapiens sapiens (l’homme sage) il y a environ 35 000 ans. Peinture, sculpture, modelage, parure, façonnage d’outils de prestige, tout est en place. Ces modes d’expression d’un univers symbolique n’auront de cesse de se développer au cours du temps sous d’autres formes, sur d’autres supports.
Les statues-menhirs, fleuron de l’art préhistorique de la région, appartiennent à la grande famille des Mégalithes. Ces dalles dressées ont été façonnées au Néolithique (vers 3500-2200 av. notre ère), période de profonds changements dans les activités humaines. Le développement de l’agriculture et, bientôt, les débuts de la métallurgie, transforment les modes de vie. Les statues-menhirs, gravées, sculptées et érigées par nos ancêtres, un peuple de « paysans éleveurs », sont donc les traces de l’activité d’une population qui se sédentarise progressivement.
Les statues-menhirs ne semblent pas avoir été érigées près des sépultures et semblent plutôt liées à des habitats, comme sur le site de Planet, commune de Fayet dans l’Aveyron, où a été révélée une des premières pratiques de la métallurgie du cuivre. Il faut également souligner que les pierres dans lesquelles les statues-menhirs ont été réalisées sont souvent des roches allogènes, c’est-à-dire qu’elles ne proviennent pas du lieu où les sculptures ont été érigées.
Mégalithes :
monuments façonnés du Néolithique ou du début de l’époque de l’âge du Bronze.
Néolithique :
en Europe occidentale, le Néolithique s’étend entre 6 000 et 2 000 av. notre ère. Il se caractérise par la sédentarisation des groupes humains, l’apparition de l’agriculture, de l’élevage et des arts du feu.
Copie de la statue-menhir de Saint-Julien à Belmont-sur-Rance
Reproduction de la statue-menhir de Paillemalbiau sur le sentier des immortels à Le Bez
Découvrez la carte interactive des Statues-Menhirs d’Occitanie
Les sites géographiques
Un patrimoine remarquable, au cœur de paysages aussi beaux que spectaculaires. Venez découvrir :
Le Rougier
Le Rougier de Camarès est une région préservée du sud-Aveyron, à proximité du village de Camarès au sud-ouest de Saint-Affrique.
Son sol est constitué d’argile rouge riche en oxyde de fer, d’où son nom.
Cela confère à ce secteur du Parc naturel régional des Grands Causses des paysages insolites de terres ravinées de couleur rouge brique tranchant avec les zones cultivées vert tendre.
Le Sidobre
En plein cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, et plus précisément dans le Tarn, le massif du Sidobre est le plus grand plateau granitique d'Europe.
Territoire de paysages insolites, il offre une succession de gigantesques blocs de granit aux formes originales et défiant les lois de la gravité.
Les Monts de Lacaune
Les Monts de Lacaune, à l’est de Castres, au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, sont recouverts d’une épaisse forêt de feuillus et de résineux.
Cette forêt, très variée, alterne zones boisées, prairies et tourbières, ménageant des points de vue toujours différents.
La Montagne du Haut-Languedoc
Au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, la Montagne du Haut-Languedoc est située sur la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et océan Atlantique. Elle recèle des paysages naturels préservés : le Caroux, l'Espinouse, le Plateau des lacs ainsi que le Minervois, qui s’étend des contreforts de la Montagne Noire jusqu'au canal du Midi.
En un coup d'œil
Frise chronologique et datation des statues-menhirs
Étranges sentinelles muettes, troublantes et mystérieuses, les statues-menhirs surprennent toujours par leurs visages humains dont on discerne encore aujourd’hui les traits, même ténus.
Les statues-menhirs appartiennent au patrimoine mégalithique de la région Occitanie. Deux groupes se différencient stylistiquement : le groupe du Rouergue et du Haut-Languedoc qui constitue l’un des plus grands groupes de figurations anthropomorphes mégalithiques européens et le groupe du Bas Languedoc.
Le groupe des statues-menhirs du Rouergue et du Haut-Languedoc se développe aux confins des départements de l’Aveyron, de l’Hérault et du Tarn, sur des terrains très contrastés limités au nord par la vallée du Tarn, à l'est par les Avant-causses et les contreforts du massif de l'Escandobre, au sud-est par les massifs de l'Espinouse et du Somail, au sud par la vallée du Thoré et à l'ouest par les collines du Ségala et de l'Albigeois. Ce territoire regroupe quatre unités géographiques : le Rougier, le Sidobre, les Monts de Lacaune et la Montagne du Haut-Languedoc.
Les stèles anthropomorphes du Rouergue et du Haut-Languedoc sont gravées et/ou sculptées sur les deux faces. Même s’il est parfois à peine esquissé et très schématique, le visage est figuré. Il est souvent indiqué par les deux yeux et le nez et limité par un trait qui peut se confondre avec un collier. La bouche, elle, est rarement représentée.
Les archéologues ont « genré » ces stèles selon les accessoires et attributs figurés : arme type poignard, hache ou arc et flèches pour le sexe masculin ; seins, longue chevelure et colliers pour le sexe féminin. Cette partition est aujourd’hui nuancée. Pour les deux sexes, on a très souvent la présence d’une ceinture, indifféremment du sexe représenté.
Fait insolite :
Certaines statues-menhirs portent les attributs des « deux sexes » car elles ont été transformées. Les états successifs peuvent ainsi montrer des statues-menhirs « masculines » devenues « féminines » ! Le cas inverse est plus rare.
Le groupe du Bas Languedoc se subdivise en deux sous-groupes :
Le sous-groupe du Pic Saint-Loup s'étend dans le nord-ouest du département de l’Hérault autour du Pic du même nom. Sur ces statues-menhirs dites « à tête de chouette » ne sont représentés, sauf exceptions, que les visages. Les yeux sont toujours marqués. Le nez et le sommet du visage forment un « T » facial et des arcs de cercle de part et d’autre du nez pourraient figurer des tatouages.
Stèle de Lauris-Puyvert (calcaire ologocène, H : 32cm ; l. max : 15cm ; épaisseur max : 6cm)
Stèle du rocher des Doms (H : 26cm ; l. max : 17cm ; épaisseur max : 10cm)
Le sous-groupe gardois occupe la partie centrale du Gard, depuis les Gorges du Gardon jusqu’à la limite Nord de la Gardonenque au pied du massif cévenol. Il présente des attributs beaucoup plus nombreux et variés que l’ensemble du Pic Saint-Loup. Le visage est presque toujours figuré par les yeux et le « T » facial, mais de façon plus prononcé et plus homogène que pour l’ensemble héraultais. Les bras sont fréquemment représentés mais sont absents sur toutes les stèles situées le plus au Sud, à la périphérie des Gorges du Gardon. Ils sont le plus souvent prolongés par les doigts des mains. La présence des bras sur les stèles est souvent associée à celle de « côtelages ».
Dans cette même zone de répartition, plusieurs stèles figurent, au niveau du torse, la présence d’un plastron. Vers la base de la zone du torse, une ceinture est présente sur certains exemplaires.
Deux attributs mobiliers particuliers sont représentés sur la plupart des stèles du groupe gardois : la crosse et un objet de forme triangulaire allongée qui, à l’opposé de la pointe, se termine par un cercle. Cet objet est généralement placé à l’horizontale et est parfois associé à la ceinture ou disposé juste au-dessus.
De nos jours, notre regard attribue une place de premier ordre à ces œuvres venues des temps anciens. Si elles offrent un témoignage poignant de la vie de nos ancêtres, elles sont aussi appréciées pour leur valeur esthétique.